#1 — Comment être dans l'action alors que l'essentiel de nos vies sont désormais numériques ?
Réflexions sur nos outils numériques et comment ils nous empêchent (souvent) de passer à l'action.
Mise en ambiance.
Je trouve toujours intéressant de comprendre le processus de création des personnes que je lis régulièrement.
J’aime en savoir plus sur leur état d’esprit, et tenter alors de comprendre ce qui les a poussé a écrire un contenu qui m’interpelle.
Je me prête alors au jeu :
Nous sommes le 21 mai, 21h45. J’envisageais, après le coucher des enfants, faire une séance de running dans la forêt de Marchiennes, mais comme je n’ai pas planifié «au cordeau» ma semaine, j’ai bifurqué.
J’écoute en boucle “Only for You” de Heartless Bastards. Je suis retombé sur ce morceau par hasard en cette fin d’aprém’ et je n’arrive pas à le quitter :
Je suis dans un état d’esprit écartelé entre des tas de projets, de lectures, d’écoute de podcasts, d’écriture,… sans savoir quel est le bon levier à actionner à quel moment.
Le décor est planté.
J’ai cru que le numérique était la promesse absolue pour créer, et donc être dans l’action.
Pendant longtemps, j’ai pensé que l’outil numérique allait me permettre de «passer à l’action» plus facilement.
Quand je parle de passer à l’action, il peut s’agir tant de création au sens strict que de prendre mon courage à deux mains et de faire par exemple de la prospection.
Je me suis souvent convaincu, que j’avais besoin de conditions idéales pour créer comme :
Avoir le dernier MacBook Pro dernier cri, accompagné de l’iPad pour prendre des notes à la volée. D’ailleurs, je me suis souvent avoir été subjugué à l’annonce du projet Microsoft Courier qui aurait pu devenir le Moleskine numérique.
Avoir des crayons et des carnets dont j’ai scrupuleusement étudié la finesse de la pointe et le rendu sur le papier.
Avoir le bureau station debout-assis, avec ces dimensions propices pour y accueillir deux écrans 5K.
Avoir l’outil numérique de prises de notes ultime qui retranscrirait à la perfection ce que j’ai dans la tête, les connexions entre ce que je lis, j’entends, ce que je vois. Tout cela, simplement, grâce à des connexions API bien ficelées, et/ou à des écosystèmes bien pensés (merci Apple)
Du coup, j’ai un beau setup. Et ?
Mon iPad est tombé, la vitre est cassée : j’ai bien senti que les conditions n’étaient plus si favorables à la création. Plusieurs fois, j’ai hésité à le remplacer. Puis, non. Au mieux, je remplacerais la vitre.
J’écris ce post sur ma table de cuisine directement sur mon portable, sans mes 2 sublimes écrans.
Mais alors que s’est-il passé ?
Le rythme effréné de nos vies bien remplies creuse petit à petit un fossé entre nos actions et nos aspirations — Ryder Carrol
J’ai enfin compris, que le «digital numérique» ne pouvait pas remplacer le «digital physique»
Comprendre prendre ses petites minimes et s’en servir autrement qu’en tapant sur un clavier.
Parce qu’une fois le capot de mon portable refermé, mon téléphone en mode avion :
mes notes disparaissent
ma to-do s’évanouit
je n’ai plus en permanence mon vision board en guise de fond d’écran
Et quand ça se produit, je me sens démuni, moins motivé. En même temps, je n’ai pas envie de passer ma vie derrière un écran pour atteindre ce que je désire.
Utilisez vos compétences pour produire des choses de valeur dans le monde matériel — Cal Newport
Nous ne sommes pas seuls à vivre ce dilemme, et voici ce que j’ai retenu :
Matérialiser physiquement procurent un sentiment de gratitude et d’accomplissement. Si si.
Planifier sa semaine sur une fiche bristol, ainsi que sa to-do : j’utilise d’ailleurs avec plus ou moins d’assiduité l’Analog System Ugmonk. Ces produits sont de très belle facture, un peu cher et par économie ou radinerie j’écris dessus au crayon de bois.
Ces fiches sont vouées à trôner sur votre bureau en permanence, vous ne pouvez donc plus rater un rendez-vous, une tâche à faire. Encore faut-il prendre le temps de planifier et de les renseigner. (Mais ça c’est une autre histoire)
Pour la rédaction des to-do, j’utilise La méthode Bullet Journal de Ryder Carrol.Écrire sur un carnet des notes à la volée de ce qui m’interpelle. Il peut s’agir d’un livre, d’un travail en cours sur un site web Webflow, d’une idée de business.
J’avoue, j’écris sur un «entre-deux» : une tablette Remarkable.Réaliser un vision board à base de photos imprimées : J’avais commencé à réaliser des templates type Bento à la Apple sur Figma. Puis en voyant ma nana faire le sien à la main, je me suis dit que c’était quand même plus cohérent de le visualiser en permanence, placé à un endroit stratégique de la maison.
Ranger régulièrement son espace de travail, en faire un sanctuaire.
J’ai 3 enfants en bas-âge, dont 2 qui sont en capacité de «retourner» une maison. J’ai d’ailleurs chercher pendant 3 jours après mon unique carte-clé de vieux Renault Espace IV que mon fils avait planqué dans une petite valise. Probablement pour partir en vacances.
James Clear, explique dans son livre Un Rien Peut Tout Changer, ce procédé qui consiste à «préparer ses affaires» pour se mettre dans de bonnes conditions et ainsi créer une habitude.En revanche, l’action est le type de comportement qui produira un résultat. Si je présente vingt idées d’articles que je veux écrire, je suis en mouvement . Si je m’assieds et j’écris un article, je suis dans l’action . Si je recherche un meilleur régime alimentaire et lis quelques livres sur le sujet, je suis en mouvement . Si je mange réellement un repas sain, je suis dans l’action . — James Clear
Avoir des lieux de travail différents suivant le type de réalisations : si je réalise des tâches plus opérationnelles, j’ai besoin de naviguer entre différentes applications, de faire des copier-coller à gogo et là, avoir deux écrans prend tout son sens.
Par contre, si je lis, je rédige des notes manuscrites, je vais volontiers me mettre sur la table de notre pièce de vie, ou dans le canapé. Voire aller me poser dans un endroit où il y a un peu de passage. Ça me paraitre étrange, mais ça m’autorise à errer entre deux périodes de concentration.
Austin Kleon, dans «Montrez votre travail !» décrit comment il utilise un bureau analogique pour stimuler la créativité sans les distractions numériques, favorisant ainsi une pensée plus libre et organique.Lire des livres imprimés. Ici il pourrait s’agir d’une régression : je suis passé de la lecture depuis l’application Livres d’Apple, à la Kindle, pour succomber de nouveau au livre physique.
Je suis en train de lire Les Principes du Succès de Ray Dalio en version papier et ça me plait assez à deux conditions :De l’avoir aussi en livre audio
De lire activement en prenant des notes avec Readwise : ce qui rend alors la lecture très longue avec l’avantage cependant de me constituer un second cerveau, cette fois numérique. 😵
De surcroit, il semblerait que lire des livres imprimés n’a pas d’égal sur les plans cognitif et expérientiel
L’ouvrage de référence qui en parle est Lecteur, reste avec nous ! - Un grand plaidoyer pour la lecture, que je vais lire prochainement…sur papier.Construire un second cerveau : tendance très en vogue en ce moment popularisé par Ali Abdaal, Tiago Forte et en France par Eliott Meunier.
L’objectif est de noter en gros tout ce qui nous passe par la tête, en relayant les notes entre elles.
Ça me semble essentiel, à l’heure de cette boulimie numérique, de se prêter au jeu.
C’est vertigineux d’ailleurs de se rendre compte dès les premières actions de construction de ce second cerveau de se rendre compte de la masse de contenus ingérés pour finalement n’en retenir qu’une infinie quantité d’informations.
Quand je vois la liste de livres que j’ai lus dernièrement et ce que j’en ai retenu, bah ça fait peur 😱.
Voilà où j’en suis : et c’est loin d’être parfait.
Et ce n’est pas grave : j’essaie de m’en convaincre.
Avant de commencer à écrire ce post, j’étais vraiment plongé dans un maelström de pensées tant positives que négatives entre :
Les news que j’ai scrollées sur Perplexity
Un rapide coup d’oeil sur Instagram
Les enfants
L’envie de prendre soin de mon corps en faisant du sport
Faire avancer des projets pros et persos
J’ai eu alors très envie d’aller courir, c’est vrai mais j’aurais aussi pu mater la fin de Mission Impossible, affalé sur mon canapé. J’y ai pensé.
Néanmoins j’avais en tête ce post depuis un moment, j’étais dans le mouvement. Fallait que je passe à l’action.
Il est 23h59. Je ne me relis pas.
Je suis satisfait non pas du contenu que vous venez de lire, mais davantage de cet acte de création, d’avoir oser et accompli cet effort. La route est encore longue. 🛣️
Merci pour ceux et celles qui sont arrivés ici, en bas 👇🏻.
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À très vite ! 👋🏻




Intéressant en effet, l'outil numérique nous force à dépendre d'un appareil qui doit être en fonction, dépendant d'une technologie donnée, ce qui la rend moins visible à chaque instant oui. mais derrière cela n'est il pas question du sens de ce qu'on fait / doit faire ? mais aussi du fait de ne pas 'oser' écrire qq part ce qu'on a en tête ? je suis personnellement sujet à ces 2 questionnements, syndrome du ou suis-je, ou vais-je, dans quel état j'erre ? mais je pense que la question du sens est cruciale par dessus tout cela. pour ma part, je le perds professionnellement, et personnellement, le sens est clairement axé sur la famille, mais le pro interfère de trop, ne poussant pas à l'action....